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Le château de Troussay est un château de la Loire, l'un des plus petits, situé sur la commune française de Cheverny, dans le département de Loir-et-Cher en région Centre-Val de Loire.

Si la première pierre de ce petit château de campagne a été posée vers 1450, son état actuel date, pour les parties les plus anciennes, de la Renaissance, moment où Robert de Bugy, contrôleur des greniers à sel de la région de Blois et écuyer du roi François Ier, était seigneur du lieu.

Au XVIIe siècle, le domaine est agrandi, doté de communs et de deux ailes, tandis que se développe, à l'arrière, un magnifique parc à la française.
C'est en 1732 que, pour la première fois, l'édifice change de propriétaires : la dernière demoiselle de Bugy vend le château à la famille Pelluys, notaires blésois.
Passant de main en main au fil du temps et des héritages, Troussay arrive enfin, en 1828, dans celles de Louis de La Saussaye, historien des châteaux de la Loire, membre de l'Institut, recteur des académies de Lyon et de Poitiers…
Ce grand érudit, très au fait des problèmes de conservation et de sauvegarde du patrimoine, restaure entièrement le domaine, tombé, selon ses propres dires « fort à l'abandon ».

Après sa mort, en 1900, le château est vendu une seconde fois aux ascendants des propriétaires actuels, désireux de ne pas s'éloigner du château de Cheverny, dont les propriétaires étaient — et sont toujours — de la même famille.

La façade François Ier, comme son nom l'indique, est fortement marquée par le style associé au constructeur de Chambord. Ainsi, dans le corps central, trouve-t-on des incrustations d'ardoise dans les cheminées ou encore des meneaux aux fenêtres. Même les tours, quoique plus tardives, puisque situées dans les ailes du XVIIe siècle, sont dotées de clochetons, référence à Chambord.

Si l'aile de droite abritait des activités domestiques (four à pain, grenier à foin, écurie à ânes), l'autre était dédiée au grand salon.
Ce n'est pourtant pas cela qui explique la dissymétrie : l'aile de gauche a été rehaussée au XIXe siècle, lors de la restauration, au contraire de l'aile de droite.
Plusieurs sculptures ornent la façade.
On trouve tout d'abord, de chaque côté de la porte, deux chapiteaux, l'un provenant du château de Bury, fait à la Renaissance et apporté à Troussay par Louis de La Saussaye ; l'autre, réalisé au XIXe siècle par le sculpteur Lafargue, pour faire pendant au premier.
Au-dessus de la porte, une petite Vierge en pierre, réplique d'une Vierge en bois du XVe siècle conservée au château de Cheverny.
Un petit profil de femme de la Renaissance italienne a été incrusté sur l'aile gauche lors de la restauration.
On note également la présence d'un cadran solaire, sur la tour de droite, entouré d'une inscription en latin : Ultimam time, fuit hora, carpe diem, à savoir « crains la dernière heure, le temps fuit, cueille le jour présent ».
En vis-à-vis, une horloge à aiguille unique.

L'autre façade est marquée par le style Louis XII, mélange entre la fin du gothique et le début de la Renaissance.
Frontons en pierre des lucarnes et soubassements de fenêtres à plis de serviette restent ainsi encore tout à fait gothiques.
Le plus bel exemple de ce mélange se trouve sur la porte de la tour, ancienne porte principale du château déplacée depuis la façade François Ier par Louis de La Saussaye en raison de sa petite taille.
On y trouve à la fois des plis de serviette, motif gothique par excellence, mais également, sur le heurtoir, une salamandre, emblème de François Ier.
Au-dessus, Louis de La Saussaye a fait graver, en grec, cette sentence attribuée au général Thémistocle : « Petite est la maison, mais ô combien heureuse, si d'amis elle est remplie ».

La tour en elle-même date du XIXe siècle ; réalisée sur le modèle de la tour de l'aile Louis XII du château de Blois, elle en imite notamment les treillis de briques rouges et noires.
Au-dessus d'une coquille François Ier, un petit marmouset commémore sa construction en déployant une banderole sur laquelle est écrit, en latin, « unis par l'amitié, Louis de La Saussaye a voulu, Jules de La Morandière a réalisé ».
D'autres sculptures, plus anciennes, ont été incrustées sur la tour, en particulier un porc-épic, emblème de Louis XII, provenant de l'hôtel Hurault de Cheverny, de Blois, et deux personnages de sotties, le pape des fols et la mère folle.

A l'intérieur, on note tout d'abord la présence d'un carrelage rouge et jaune d'époque Louis XII, qui couvrait autrefois l'intégralité du rez-de-chaussée et n'a été ôté que dans le salon ovale, lors de sa restauration.
Les plafonds sont quant à eux d'un intérêt variable : dans la salle à manger, le plafond à la française est inspiré de l'exemple de l'aile François Ier du château de Blois, tandis que dans le salon de musique, il s'agit d'une reconstitution d'un des anciens plafonds du château.
Le vestibule a quant à lui été voûté sur le modèle du château de Blois, mais les peintures du plafond à l'italienne du petit salon sont sans doute les plus remarquables. Attribuées à Jean Mosnier, peintre solognot du XVIIe siècle connu pour la chambre du roi à Cheverny et la galerie des portraits au château de Beauregard, ils proviennent d'une maison paysanne à Fosse, et devaient orner le château de Fosse. Retrouvés au XIXe siècle par Louis de La Saussaye, ils ont été apportés à Troussay et représentent une sarabande d'amours, peinte en grisaille.
Une cheminée, dans la salle à manger, qui date du règne de François Ier et a conservé ses couleurs d'origine. Elle contient le buste de Jean de Morvilliers, ecclésiastique blésois appartenant à la famille de Louis de La Saussaye, sous lequel on peut lire, en latin « ne contemple pas en vain l'effigie de Jean de Morvilliers, mais cherche plutôt à être l'imitateur d'un si grand homme. »
Le château est entièrement meublé par un mobilier d'époques, de styles et d'origines très différents, depuis le XVe jusqu'au XIXe siècle, de la Hollande jusqu'au Portugal.
Les meubles les plus remarquables sont peut-être une grande armoire strasbourgeoise datée de 1700, ou encore un cabinet Louis XIII à la marqueterie de fleurs de jasmin.

Mais la pièce la plus remarquable est sans aucun doute la porte de la chapelle en chêne massif, qui provient du château de Bury et date de la Renaissance française.
Entièrement sculptée, on y trouve, en particulier, représentés un certain nombre d'éléments de la passion du Christ sur un des pilastres.

Le parc, ancien jardin à la française, complètement abandonné au XVIIIe siècle, a connu une nouvelle naissance au XIXe siècle grâce aux efforts de Louis de La Saussaye.
Actuellement, seuls un fossé, vestige de l'ancien plan d'eau, et deux petits pavillons rappellent l'ancien jardin.
On y trouve néanmoins des arbres multiséculaires, comme un cèdre du Liban planté au XVIIIe siècle, des séquoias d'Amérique ou encore un immense cèdre bleu.

Il fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 25 janvier 2000.