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 Au village du silence,
 Règne le temps passé.
 Par la pierre sculptée,
 siècles figés,
 la mémoire diffuse
 ce que les hommes ont oublié.
 Au village du silence,
 Que la vigne encercle
 Et le chemin pierreux épouse,
 L’existence n’a qu’un son,
 Celui de la rivière,
 Celui de la fontaine,
 Celui de cette eau claire qui vient de la montagne.
 Au village du silence,
 Les maisons s’entrecroisent
 Labyrinthe de vies imbriquées
 Murs qui se frôlent,
 Fenêtres étroites qui auscultent
 Les passagers de ces vaisseaux occultes,
 réfugiés derrière leurs larges murs.
 Pas un mot pas un bruit,
 C’est dans le murmure que l’on se dit.
 Les maisons séculaires accueillent
 sous leurs massives charpentes
 une forêt de colombages et montants
 Les paroles s’y cachent,
 les caprices, les petitesses, les racontars,
 les simples humains et leurs drôles d’écueils
 s’y étouffent.
 Et dans la rue pavée, pas un pas.
 Quelle est l’épaisseur du trait de vie, ici ?
 Quel autre volume que celui des montagnes ?
 Quel espace reste-il si la vallée s’ouvre comme une reine et avale toutes les vies qui s’avancent à elle ?
 Au village du silence,
 Je ne dors plus,
 J’écoute,
 L’épaisseur de l’interdit qui pèse sur chacun pour que tous puissent être là.
 La lumière joue à s’éteindre
 Les légendes s’approchent pour m’étreindre
 A l’entrée du village,
 l‘eau charrie une histoire de coquillages,
 L’air frais diffuse,
 Légendes des tourbières secrètes,
 contes miraculeux dans une langue d’un autre âge.

 Maëlle Ranoux, 2019