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Le pont Jacques Gabriel est situé à Blois et permet de traverser la Loire entre le centre-ville et le quartier Vienne. Il est aussi le plus ancien pont de la commune.
En février 1716, pris par le gel, le pont médiéval de la ville ne résista pas à la débâcle des eaux du fleuve.
Treize de ses vingt arches, ainsi que les édifices construits dessus, s’écroulèrent.
L’ampleur des dommages décida le Régent à autoriser la construction d’un nouveau pont dès novembre 1716.
C’est Jacques V Gabriel, architecte des bâtiments du Roi (Louis XV), qui en assura la conception.
Premier pont réalisé par le corps des "Ponts et Chaussées",  les travaux, lancés en avril 1717, furent exécutés sous la surveillance de l’ingénieur Jean-Baptiste de Régemortes, assisté plus tard par  Robert Pitrou.
Ce chantier impressionna par son ampleur et par sa rapidité.
Près d’un millier d’hommes y furent liés, parmi lesquels 600 du régiment de Piedmont, disponibles en cette période de paix, permettant ainsi la fin des travaux seulement sept ans après leur  lancement.
Au final, c’est le premier des grands ponts modernes sur la Loire mais  aussi le dernier en forme de dos d’âne prononcé (surface formée de deux pentes inclinées de chaque côté de l’arête qui est leur ligne de jonction).
L’ouvrage comprend onze arches, mesure 283 mètres de long et est surmonté en son centre d’un obélisque, haut de 14,60 mètres.
Cette construction eut notamment des répercussions sur l’évolution urbaine de Blois avec, dès 1723, l’aménagement des quais et la destruction d’une grande portion du mur de la ville. Par ailleurs, le nouvel ouvrage, construit à 70 mètres en amont de l’ancien pont médiéval, ne se trouvait plus dans l’axe de l’ancienne grande rue. 
Aussi, le fit-on communiquer avec la rue de la Poissonnerie (aujourd’hui disparue) qui fut élargie.
Plus tard, l’ouvrage devint l’axe sur lequel s’ordonnèrent la route royale du Berry et la voie principale de la ville (rue Denis-Papin).
Réputé pour sa solidité, l’ouvrage n’en fut pas pour autant préservé.
Au cours des conflits qui jalonnèrent l’histoire de France, une ou  plusieurs arches furent détruites :
- Le 14 décembre 1793, les représentants du peuple Guimberteau et Levasseur font sauter la première arche du pont, côté ville pour s’opposer au franchissement de la Loire par l'armée vendéenne (les Chouans).
 - Le 10 décembre 1870, Léon Gambetta en fait sauter la 7e arche pour retarder l’invasion prussienne.
- Le 18 juin 1940,  la 2e arche est rompue à son tour par les Français pour ralentir l'attaque de l’armée allemande.
- Le 16 août 1944, destruction des trois arches centrales et de l'obélisque minées par les Allemands pour protéger leur retraite. 
Avec les travaux de reconstruction et ceux de réfection réalisés en 1978, ne reste aujourd’hui que trois arches d’origine.
Classé Monument historique, le pont Jacques-Gabriel, constitue un des éléments majeurs du patrimoine architectural blésois.