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Si tu vas sur la terre où rien n'est dépoli Le sucre de tes lèvres sur les pierres solaires Les tiges dégarnies des pensées millénaires Et le cour agrandi Au premier tournant du paysage sous le ciel Le ciel vert Le ciel dur Le ciel qui pèse ou qui fuit Mais ce matin je me jette sur l'horizon qui tourne Sur les trous de clarté de la terre qui roule Et sur les pas pressés de cette mer qui coule Avec toute ma vie cruelle et oppressée Ce matin tout est lavé par les éponges de la nuit Les yeux neufs regardent les meubles de la terre Les arbres bien taillés dans leurs socles de pierres Et les nuages blancs dans leur cage de verre Ma douleur enfouie Car les sentiments sont trop grands pour ce corps trop Étroit La chair est étirée par l'esprit qui s'évade Et les cris étouffés dans la rumeur des caves Où ma lumière arrive à peine et meurt de froid Il suffit d'un mouvement imperceptible de tes lèvres D'un changement dans la clarté de ton regard D'un muscle sous la peau qui danse Ou encore d'un geste de tendresse qui arrive en retard Tout est changé Les règles de la vie deviennent noires Le jeu à mal tourné Et je travail dans l'espoir Qu'aucune récompense ne me sera donnée. - Pierre Reverdy.
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