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A la fois proche des grands châteaux de la Loire et un peu à l’écart, son histoire s’est écrite à l’ombre de la grande Histoire.

Ses propriétaires successifs ont  côtoyé de près les plus grands de leur temps, tout en gardant ce lieu en retrait du monde. Cela contribue à sa poésie.

A l’instar du dieu guérisseur grec Péan dont il porte le nom, le Gué-Péan est un lieu où l’on vient «guérir», se ressourcer et retrouver une harmonie, loin de l’agitation du monde.
La légende veut que son donjon, la Tour à impériale, soit bâti sur un dolmen, lieu sacré de sépulture des tribus  gauloises présentes au IIIe siècle. Les Druides, étaient pour certains d’entre eux guérisseurs.
C’est aussi un lieu qui rend heureux : ainsi son nom fait écho à celui du chant d’allégresse antique, le «Péan». 

Les Romains vont y installer un camp, d’où le  plan carré qui est resté la structure de base à toutes les époques. 
Puis au Moyen-Âge, le site devient une motte féodale défensive et  résiste aux invasions vikings du IXe siècle.
Cependant  le véritable essor du Gué-Péan commence à la Renaissance, au XVIe  siècle, avec la famille Alaman venue du Comtat Venaissin (ancien état de  Provence).
Riche marchand et homme de  confiance des rois Charles VIII et Louis XII, Nicolas Alaman est  ambassadeur auprès de la République de Florence - donc bien au fait de l’architecture italienne renaissante.
Financier et proche du grand roi François Ier, il joue un rôle de premier plan dans l’organisation du Camp du Drap d’Or en 1520 (rencontre diplomatique entre François Ier et  Henry VIII d’Angleterre) et acquiert la seigneurie du Gué-Péan quelques années plus tard, en 1524.
Son fils, François Alaman, officier du roi, fait bâtir les deux pavillons Renaissance flanquant le mur moyenâgeux et  donne au château le panache de ses quatre tours d’angle. L’une d’elle, la Tour à impériale, est une prouesse architecturale dont il n’y a que 13 occurrences en Europe.
Puis au XVIIème, le plan carré se complète de deux ailes et enfin d’une orangerie, deux siècles plus tard. 
Au XIXème, la vie de ses habitants (famille de Cassin) se fond dans celle de son temps : la culture des vignes (dont témoigne le chai dans les communs), la vénerie  (art de la chasse à courre), la vie culturelle (représentations  théâtrales, visite du pianiste Frédéric Chopin et de son amie l’écrivain  George Sand, amitié des propriétaires avec l’écrivain Honoré de Balzac)  et la vie sociale avec les châteaux avoisinants rythment la vie du  Gué-Péan.
Au  XXème siècle, Raymond Massiet, Marquis de Keguelin et de Rozières,  acteur éminent de la libération de Paris, ami de l’écrivain Germanopratin Boris Vian, reprend les rennes et ouvre le Gué-Péan au public : il monte un centre équestre et une école, organise des visites guidées et accueille des hôtes venant des quatre coins du monde dans les chambres du château.
L’architecte du Futuroscope Denis Laming, séduit par la beauté des bâtiments et du site, reprend la propriété au tournant du XXIème siècle. Il y engage plusieurs chantiers de restauration, relance l’activité équestre, reçoit des personnalités de renom (comme le peintre-céramiste chinois Bai Ming) et y vit une vie de famille tout en ouvrant le monument au public  en été.
Toujours habité et meublé, le Gué-Péan est un joyau architectural préservé dans un écrin de verdure. 
 Proche de Chenonceau et du Zoo parc de Beau val, il est une étape incontournable de la vallée du Cher.